Le référendum, une «nouvelle chance» pour nombre de Tunisiens

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Employees of the Independent Higher Authority for Elections (ISIE) begin counting the ballots after the closing of polling stations on July 25, 2022 in the district of Ariana near Tunis . - The vote is seen as a referendum on President Kais Saied, whose charter would give his office nearly unchecked powers in a break with the country's post-2011 democratic trend. (Photo by FETHI BELAID / AFP)

Le référendum, une «nouvelle chance» pour nombre de Tunisiens – Aya rêve d’une “nouvelle chance” pour la Tunisie. Cette étudiante de 23 ans se distingue par son jeune âge au milieu d’électeurs surtout quadragénaires venus voter lundi au référendum sur la nouvelle Constitution du président Kais Saied, accusé par ses opposants de vouloir instaurer une dictature.

Les principaux partis d’opposition dont le mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, au coeur du pouvoir jusqu’en juillet 2021, avaient appelé à boycotter le scrutin qu’ils jugent “illégal” et non concerté. Mais le référendum a recueilli plus de participation que prévu par les experts avec le vote de près de 28% des 9 millions d’inscrits, dans un pays où l’abstention est traditionnellement forte.

En soirée, le bureau de vote de la rue de l’Inde, dans le quartier Lafayette, à Tunis, un flux constant de groupes entraient et sortaient environ une heure avant la clôture à 21H00 GMT des bureaux ouverts depuis 5H00 GMT. “En fin d’après-midi, on a constaté une hausse de participation de gens de tout âge”, a dit un agent de l’Isie dans ce bureau de vote.

Face à la “situation chaotique” du pays, en proie à une grave crise économique (pouvoir d’achat en chute libre, chômage très élevé, pauvreté en hausse), Aya Jemaï se dit “optimiste” et confiante dans l’action du président pour impulser “de réels changements”.

La nouvelle loi fondamentale, préparée par M. Saied en personne, instaure un régime ultra-présidentiel, en rupture avec le système parlementaire hybride en place depuis 2014.

L’opposition assure que ce texte, “taillé sur mesure”, “légitime le coup d’Etat” de M. Saied, un constitutionnaliste qui, arguant de l’ingouvernabilité du pays, s’est emparé de tous les pouvoirs il y a un an et dirige depuis par décrets le pays, berceau du Printemps arabe.

«Jusqu’au bout»

De nombreuses ONG ont critiqué le manque de garde-fous pour les libertés, disant redouter un retour aux régimes autocratiques, comme sous Habib Bourguiba et Ben Ali avant 2011.

À l’inverse, M. Saied affirme avoir pris le relais de la Révolution de 2011 et vouloir refermer la parenthèse de 10 années de gouvernements inefficaces et “corrompus” dominés par Ennahdha, sa bête noire.

“Ils sont restés plus de 10 ans au pouvoir sans rien faire, donc qu’ils laissent cet homme travailler! Nous croyons en lui et nous le soutiendrons jusqu’au bout”, assure à l’AFP Baya, une électrice de 54 ans.

Comme elle, beaucoup d’électeurs n’hésitent pas à dévoiler leur choix, tout en montrant leur doigt teinté d’encre indélébile, sous le nez d’agents de police et devant les caméras de télévision, sans se soucier des règles du silence électoral.

“Par ce comportement, ces gens veulent intimider les autres qui rejettent cette Constitution”, proteste auprès de l’AFP un électeur furieux, qui a refusé de donner son nom.

«Nouvelle page»

Le président lui-même a été critiqué pour avoir fait la promotion lundi matin de la nouvelle Constitution, violant, selon ses détracteurs, les règles de neutralité en vigueur jusqu’à la fin des opérations de vote à 21H00 GMT.

Venu voter à Cité Ennasr, Kais Saied a appelé à approuver son texte “pour établir une nouvelle République fondée sur la vraie liberté, la vraie justice et la dignité nationale”. Ennahdha a dénoncé “une fraude au référendum” et une tentative du président d’influencer le vote.

Les partis ayant appelé au “non” représentent une minorité infime de l’électorat. Sans quorum, il suffit d’une majorité de “oui” pour que le texte passe.

“Le taux de participation n’est pas mal du tout”, a confirmé en matinée Raouf Ben Moussa, vice-président du bureau de vote de Rue de Marseille, dans la capitale.

“Celui qui aime la Tunisie, doit venir voter et dire oui! C’est un devoir!”, s’est exclamée dans un autre bureau de vote à Tunis, Majrya Hajja, 60 ans.

Chokri qui aide son père septuagénaire appuyé sur une canne, à voter dans une école primaire, ne dit pas autre chose: “nous approuvons toutes ces mesures c’est pour cela que nous sommes venus aujourd’hui pour dire +Oui+ au président Saied et à ses décisions”.

Ridha Nefzi, un travailleur journalier de 43 ans vote “pour changer la situation du pays”. “Maintenant commence une nouvelle page”, assure-t-il.

Arabnews

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