À l’issue du sommet européen consacré à la crise sanitaire, jeudi, le président français Macron a affirmé “avoir eu raison” de ne pas reconfiner la France en janvier tout en évoquant de futures “nouvelles mesures à prendre dans les prochaines semaines” et “sans tabou”, face à la troisième vague. Il a aussi estimé que Bruxelles devra muscler son plan de relance économique, sur le modèle des États-Unis.
Emmanuel Macron assume ses choix. “Je peux vous le dire : nous avons eu raison de ne pas reconfiner la France à la fin du mois de janvier parce qu’il n’y a pas eu l’explosion qui était prévue par tous les modèles”, a plaidé le chef de l’État jeudi 25 mars, à l’issue du sommet européen qui s’est tenu en visioconférence. “Je peux vous affirmer que je n’ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d’échec”, a-t-il insisté, alors que les critiques se multiplient face à une forte dégradation de la situation sanitaire en France.
Revenant sur les raisons qui ont guidé sa décision, Emmanuel Macron a reconnu qu’il y avait “un risque” car “le virus tournait”. “Mais nous considérions qu’avec les mesures de couvre-feu prises, les mesures de freinage, nous pouvions faire face sans qu’il y ait de flambée et c’est ce qu’il s’est passé”, a-t-il souligné, en ajoutant avoir pris “en compte plusieurs facteurs”, dont “la santé mentale”, “la tension et les difficultés pour nos jeunes” ou encore “notre priorité éducative”. “C’est à chaque fois une balance que nous tenons”, a-t-il fait valoir.
Mais le chef de l’État a observé qu’il y avait eu ensuite “une inflexion” au début du mois de mars avec une “accélération” de l’épidémie attribuée à la propagation accrue du variant anglais. Cela a donc conduit le gouvernement à ordonner des mesures de confinement dans une vingtaine de départements désormais, dont la totalité de l’Ile-de-France et des Hauts-de-France.
Emmanuel Macron a ensuite évoqué de futures “nouvelles mesures à prendre dans les prochaines semaines”, face à la troisième vague qui monte toujours plus dans les hôpitaux. “Ces semaines qui viennent seront difficiles, nous prendrons toutes les mesures utiles en temps et en heure et il n’y a à mes yeux aucun tabou”, a-t-il averti.
“Compléter la réponse” européenne
Emmanuel Macron a par ailleurs estimé que l’Europe devra “améliorer” et “compléter” sa réponse économique et budgétaire afin que la relance soit “plus vigoureuse” et ne diverge pas trop de celle des États-Unis. “C’est un des enseignements de la crise pour l’Europe comme pour la France : il nous faut simplifier drastiquement nos réponses. Nous sommes trop lents, nous sommes trop complexes, nous sommes trop engoncés dans nos propres bureaucraties”, a ajouté le chef d’État devant la presse.
Résumant les discussions entre les 26 autres dirigeants de l’UE, Emmanuel Macron a souligné que la sortie de la crise passait “par un maintien des mesures de soutien budgétaire aussi longtemps que durera la crise sanitaire et la mise en œuvre rapide du plan de relance européen” de 750 milliards d’euros qui avait été adopté en juillet.
Avec cet engagement “extrêmement fort”, l’UE “a apporté une réponse à la hauteur” à la suite de la première vague de l’épidémie du printemps 2020. “Mais, suite aux 2e et 3e vague (…), il nous faudra sans doute compléter cette réponse”, a-t-il ajouté.
“Planter une graine”
“La force de la réponse américaine et du plan annoncé il y a quelques jours par le président Biden et son Congrès nous placent face à une responsabilité historique”, a estimé le chef de l’État, en faisant allusion à la décision d’injecter 1 900 milliards de dollars dans l’économie américaine.
Sur la base des projections, “on voit bien que les États-Unis vont retrouver à peu près mi-2021 le niveau absolu qui était le leur avant la crise et surtout vont très rapidement retrouver la trajectoire qui était la leur”, a-t-il souligné. Alors que l’UE ne retrouvera ce niveau “qu’au printemps-été 2022”, soit “un décalage de trajectoire qui est préoccupant parce que c’est une perte de croissance potentielle”, selon lui.
“Cela suppose une réponse sans doute plus vigoureuse et je pense que c’est cette discussion qu’il nous faut avoir entre Européens”, a-t-il conclu, en appelant à “investir encore plus vite et plus fort sur nos priorités sectorielles”.
Le chef de l’État veut ainsi “lancer le débat et “planter une graine” sur ce sujet qu’il n’a pas encore abordé avec ses homologues, selon une source diplomatique française.