Birmanie : l’ambassadeur à Londres évincé, la répression meurtrière se poursuit dans le pays

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Londra

Birmanie – La junte de Birmanie a évincé son ambassadeur en Grande-Bretagne favorable à Aung San Suu Kyi, tandis que la répression sanglante se poursuit contre le vent de fronde démocratique qui secoue le pays depuis plus de deux mois. Une dizaine de civils ont été abattus ces derniers jours lors d’affrontements.

Les tensions se poursuivent en Birmanie, deux mois après le coup d’Etat militaire. La junte birmane a évincé son ambassadeur en Grande-Bretagne favorable à Aung San Suu Kyi. Une initiative qui a suscité la condamnation du Royaume-Uni tandis que les violences ont redoublé ces derniers jours dans le centre du pays.

La répression sanglante des forces de sécurité contre le vent de fronde démocratique qui secoue la Birmanie ne faiblit pas. Surtout, la crise n’en finit pas de faire des remous à l’international. Des diplomates proches de la junte se sont emparés mercredi soir de l’ambassade de Birmanie à Londres et en ont refusé l’accès à l’ambassadeur Kyaw Zwar Minn, soutien d’Aung San Suu Kyi, contraint de passer la nuit dans sa voiture.

L’attaché militaire a pris la direction de la représentation, a relevé Kyaw Zwar Minn dénonçant « une sorte de coup d’État », dans un contexte diplomatique très tendu. Jeudi, le ministère britannique des Affaires étrangères a été notifié par les autorités birmanes de la fin de mandat de l’ambassadeur et Londres a indiqué ne pas avoir d’autre choix que d’accepter.

Une dizaine de civils tués ces derniers jours

« Nous condamnons les actions d’intimidation du régime militaire », a indiqué le chef de la diplomatie britannique, Dominic Rabb. Sollicitée sur ces événements, la junte n’a pas répondu aux requêtes de l’AFP.

Le bilan des morts s’est encore alourdi ces derniers jours : au moins onze personnes ont été tuées et plusieurs blessées mercredi et jeudi par les forces de sécurité à Taze dans le centre du pays, selon des médias locaux. Ces derniers font également état de trois décès dans les rangs de l’armée. Un bilan que l’AFP n’a pu confirmer à ce stade de source indépendante.

Des habitants, munis de fusils de chasse et de bombes incendiaires, ont tenté d’empêcher policiers et militaires de pénétrer dans la ville ; ces derniers ont alors riposté. Environ 600 civils ont été abattus depuis le coup d’Etat du 1er février, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Un hommage aux « héros tombés sous les balles »

Le bilan pourrait être plus lourd : plus de 2 800 personnes ont été arrêtées. Beaucoup, sans accès à leurs proches ou à un avocat, sont portées disparues. Et la traque judiciaire se poursuit : quelque 120 célébrités du pays – chanteurs, mannequins, journalistes – sont visées par un mandat d’arrêt, accusées d’avoir diffusé des informations susceptibles de provoquer des mutineries dans les forces armées.

La mobilisation pro-démocratie ne faiblit pas avec des dizaines de milliers de travailleurs en grève et des secteurs entiers de l’économie paralysés. Dans les villes, les protestataires essayent de trouver des parades pour continuer à se faire entendre. Jeudi, ils ont déposé des chaussures dans les rues pour symboliser chaque manifestant absent. À Rangoun, elles ont aussi été installées dans des abribus, certaines décorées de roses rouges en hommage aux « héros tombés sous les balles », d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Le coup d’État a provoqué de nombreuses condamnations des capitales occidentales et entraîné la défection de plusieurs diplomates birmans de premier plan, dont l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Union européenne ont sanctionné la junte et son chef, le général Ming Aung Hlaing.

De leurs côtés, la Chine et la Russie, alliées traditionnelles de l’armée birmane, rejettent, elles, l’idée de mesures coercitives. En attendant, un groupe de résistance baptisé CRPH (Comité pour représenter le Pyidaungsu Hluttaw, l’organe législatif birman) a entamé des discussions avec des enquêteurs de l’ONU sur les atrocités présumées.

Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a accusé de son côté les manifestants de vouloir « détruire le pays », assurant résoudre la crise « de manière démocratique ».

leparisien

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