Liban – Les Libanais dont les comptes bancaires en devises étrangères sont gelés depuis l’automne 2019 pourraient avoir accès à leurs fonds de manière limitée dès fin juin en vertu d’un plan élaboré par la Banque du Liban, mais «sous réserve» de l’adoption d’une loi.
La banque centrale libanaise «négocie à l’heure actuelle avec les banques libanaises (…) un mécanisme en vertu duquel les banques commenceraient à donner progressivement (à leurs clients) accès aux dépôts (…) dans toutes les devises», a-t-elle indiqué dimanche dans un communiqué.
Le Liban est en proie depuis un an et demi à une crise économique et financière inédite, marquée par un assèchement des liquidités en dollars et par une dévaluation historique de sa monnaie.
Après avoir progressivement abaissé le plafond des retraits en dollars puis interdit tout virement vers l’étranger, les banques libanaises ont totalement gelé à partir de mars 2020 les retraits en devises étrangères.
Les titulaires de ces comptes n’ont accès à cet argent qu’en le convertissant en livres libanaises et à un taux de change très inférieur à celui du marché noir.
Le dollar s’échange actuellement sur le marché noir à plus de 12 500 livres pour un dollar, contre un taux bancaire de 3 900 livres et un taux officiel de 1 507 livres.
Cette situation a notamment affecté les petits et moyens épargnants.
Mais cela pourrait changer car la BDL «a demandé aux banques de lui fournir des données en vue d’un plan qui consisterait à verser (aux épargnants) des sommes pouvant aller jusqu’à 25 000 dollars, en dollars américains ou en toute (autre) devise étrangère, ainsi que l’équivalent en livres libanaises», a-t-elle précisé, sans indiquer toutefois le taux de change qui serait retenu en cas de conversion en livres.
La banque centrale prévoit de lancer son projet «à partir du 30 juin», avec un étalement sur une période dont la durée n’a pas été divulguée. Avec un bémol: il ne sera appliqué que «sous réserve de l’obtention d’une couverture légale».
Selon une source au sein de la BDL, il s’agit de «l’adoption par le Parlement d’une loi sur le contrôle des capitaux», projet resté longtemps lettre morte.
La situation socioéconomique du Liban, sans gouvernement depuis août 2020, ne cesse de se dégrader. Plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté tandis que l’inflation a dépassé 140% en 2020.