Afghanistan – Pendant des décennies, la base aérienne de Bagram, au nord de la capitale afghane, a été le point d’ancrage des armées étrangères combattant les insurgés et un symbole des brutalités commises tout au long d’années de conflit.
Située à 50 km de Kaboul, la base est vitale pour la sécurité de la capitale et a une énorme importance stratégique pour contrôler tout le nord de l’Afghanistan.
Tentaculaire, elle a d’abord été construite pendant la Guerre froide par les Américains pour leur allié afghan, pour l’aider à se protéger de l’Union soviétique au nord.
Depuis sa construction et tout au long des décennies de conflit qui ont frappé l’Afghanistan, la base a été contrôlée par différents acteurs.
C’est de là que l’Union soviétique a organisé l’occupation de l’Afghanistan après l’invasion de 1979. L’Armée rouge l’a grandement élargie.
Après le retrait des Soviétiques en 1989, la base a été contrôlée par le gouvernement afghan soutenu par Moscou, puis par une administration moudjahidine divisée pendant la guerre civile.
A un moment, il semble même que les talibans contrôlaient un bout de la piste longue de trois kilomètres, et leurs ennemis de l’Alliance du Nord l’autre bout.
Bagram est finalement tombé aux mains des talibans lors de leur irrésistible ascension vers le pouvoir au milieu des années 1990.
En lambeaux
Après les attentats du 11 septembre 2001 et l’invasion de l’Afghanistan par une coalition internationale menée par les États-Unis, elle est revenue dans le giron américain.
C’est de Bagram qu’ont été menées les frappes aériennes à l’encontre des talibans et de leurs alliés d’Al-Qaïda, et qu’a été organisé le réapprovisionnement des troupes.
Ces deux dernières décennies, la base a reçu de nombreuses visites de présidents américains. Elle a aussi abrité une prison, qui a suscité la controverse sur le traitement accordé aux prisonniers.
Des centaines de milliers de militaires américains et de l’Otan, ainsi que des sous-traitants, sont passés par Bagram, qui à un moment comprenait des piscines, des cinémas, des spas et plusieurs chaînes de restauration rapide comme Burger King et Pizza Hut.
Ces derniers mois, Bagram est devenue la cible de tirs de roquettes revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique, laissant craindre qu’elle ne soit rapidement l’objet d’une attaque en règle.
Après des mois de consultation, le président américain Joe Biden a annoncé en avril que les dernières troupes américaines auraient quitté l’Afghanistan d’ici le 11 septembre, mettant ainsi un terme à la plus longue guerre qu’ait connue l’Amérique.
Encore aujourd’hui, les bas-côtés de la route entre Kaboul et Bagram restent parsemés de carcasses rouillées de chars soviétiques, un cruel rappel que plus de quatre décennies de conflit ont laissé la majeure partie de l’Afghanistan en lambeaux.