Soudan – Les forces de sécurité soudanaises ont arrêté le chef du bureau d’Al-Jazeera à Khartoum, a annoncé la chaîne satellitaire qatarie dimanche, au lendemain de la mort de six manifestants dans l’une des journées les plus sanglantes depuis le coup d’Etat militaire.
“Les forces de sécurité ont perquisitionné la maison d’Al-Moussalami al-Kabbachi, chef de bureau d’Al-Jazeera au Soudan, et l’ont arrêté”, a indiqué la chaîne sur Twitter.
Le Soudan est entré dans une période de turbulence le 25 octobre quand le général Abdel Fattah al-Burhane, déjà à la tête du Conseil de souveraineté, plus haute autorité au Soudan après 30 ans de dictature, a fait arrêter la plupart des civils avec lesquels il partageait le pouvoir.
Ce jour-là, il a également dissous toutes les institutions du pays et décrété l’état d’urgence.
Depuis cette date, Al-Jazeera n’a cessé de couvrir les différentes manifestations hostiles au putsch, notamment en les diffusant en direct. La chaîne a également interviewé il y a moins d’une semaine le général Burhane, qui n’a accordé que deux entretiens depuis son coup de force.
Jeudi, faisant fi des condamnations venues des quatre coins du monde, le chef de l’armée a décidé d’entériner le nouvel état de fait et s’est renommé à la tête du Conseil de souveraineté, reformé pour l’occasion avec l’entrée de militaires et de civils apolitiques en remplacement de ceux qu’il avait déposés ou arrêtés.
Mais samedi, les partisans d’un pouvoir civil sont parvenus à rassembler à travers le pays des dizaines de milliers de personnes contre le putsch, et ce malgré la coupure d’internet qui depuis trois semaines les obligent à s’organiser par SMS ou via des graffitis sur les murs.
L’ONU et des ambassadeurs occidentaux avaient appelé les forces de sécurité à éviter une effusion de sang dans un pays où déjà plus de 250 manifestants avaient été tués lors de la révolte qui renversa en 2019 le dictateur Omar el-Béchir.
Mais le dernier bilan donné dimanche matin par un syndicat de médecins pro-démocratie reflète la répression constatée samedi par des correspondants de l’AFP à Khartoum, qui ont entendu siffler balles réelles et grenades lacrymogènes.
Le syndicat recense six morts, dont un enfant de 15 ans, quasiment tous fauchés par des balles, à l’exception d’un, mort asphyxié par des lacrymogènes.
Après cette journée de mobilisation, le bilan des manifestants tués dans la répression depuis le 25 octobre s’établit à 21 morts et plusieurs centaines de blessés.
La police, elle, nie avoir ouvert le feu sur les manifestants et dit avoir enregistré “39 blessés graves” dans ses rangs.