Maroc – Près de huit mois après la fermeture unilatérale du gazoduc Maghreb-Europe par l’Algérie en raison de la brouille diplomatique avec son voisin de l’Ouest, le Maroc, aucun impact négatif n’a été enregistré du côté du Royaume chérifien.
En effet, ce dernier a poursuivi sa dynamique et il a réussi à relancer sa machine économique après la crise de Covid-19, négociant notamment avec de nouveaux fournisseurs de gaz naturel. Le 5 juillet dernier, le Maroc a réussi à faire son entrée sur le marché international du gaz naturel liquéfié grâce à l’Espagne, qui lui a livré le gaz nécessaire pour redémarrer les centrales thermiques de Tahaddart, dans le nord du Maroc (près de Tanger), et celle d’Aïn Beni Mathar, dans la région de l’Oriental.
«Le royaume du Maroc annonce la remise en service de ses centrales à cycles combinés de Tahaddart et d’Aïn Beni Mathar à partir du GNL (gaz naturel liquéfié) importé du marché international. L’approvisionnement de ces deux centrales en gaz naturel est assuré par le gazoduc Maghreb-Europe via l’interconnexion gazière Maroc-Espagne qui fonctionne en flux inverse»: c’est ce qu’ont annoncé l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee) et l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) dans un communiqué conjoint publié le 5 juillet dernier.
Ils ajoutent que le royaume du Maroc assure ainsi son approvisionnement en gaz naturel «en concluant des contrats d’achat de GNL sur le marché international et en utilisant les infrastructures gazières des opérateurs espagnols et le gazoduc Maghreb-Europe». Il s’agit d’une victoire pour le Maroc, soutenu par son voisin ibérique.
D’un autre côté, l’Espagne pourrait être l’un des premiers pays bénéficiaires du gazoduc Maroc-Nigeria, dont l’étude avance dans de bonnes conditions. Ce projet s’avère très stratégique pour le Royaume et le continent africain dans la mesure où il permettra à l’Afrique d’assurer sa souveraineté énergétique. Alors que le Maroc importe aujourd’hui une partie de son gaz naturel d’Europe, il pourrait exporter du gaz vers le Vieux Continent dans quelques années. C’est ce qu’a indiqué au début du mois de juillet Amina Benkhadra, directrice générale de l’Onhym.
Initié en 2016 par le roi du Maroc, Mohammed VI, ce projet d’envergure «va permettre d’accélérer l’électrification d’un certain nombre de pays de la côte ouest-africaine, de favoriser le développement industriel et agricole de la région grâce à l’accès à une énergie à bas coût, d’assurer une intégration régionale considérable du continent, d’améliorer la vie de la population, de réduire le torchage de gaz et de développer l’exportation du gaz vers l’Europe», a précisé Mme Benkhadra.
Cette canalisation de plus de 6 000 km, qui relie seize pays africains, sera le plus long gazoduc offshore du monde. «Les réserves de gaz sont estimées à 5 400 milliards de mètres cubes et elles seront principalement fournies par le Nigeria, la Mauritanie, le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Les marchés cibles sont l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et le Maroc. L’Union européenne [UE] sera privilégiée en tant que marché initial», a récemment déclaré Imane Mansouri, responsable à l’Onhym.