Etat de droit: Varsovie ne doit plus de concessions à l’UE – Le président polonais Andrzej Duda s’est dit opposé à de nouvelles concessions à la Commission européenne, qui bloque d’importants fonds de l’UE en raison de préoccupations sur l’indépendance de la justice en Pologne.
“Je n’offrirai plus aucune réponse aux suggestions de l’autre partie”, a dit M. Duda dans une interview à paraître lundi dans l’hebdomadaire Sieci et dont des extraits ont été publiés samedi par le portail wpolityce.pl, proche des conservateurs nationalistes au pouvoir.
“A ma connaissance, nous avons rempli toutes les conditions pour recevoir les fonds du plan de relance”, a-t-il ajouté. Il s’agit de quelque 35 milliards d’euros destinés à remédier aux conséquences de la pandémie du Covid-19.
Varsovie a procédé à quelques modifications de ses réformes de la justice pour répondre formellement aux critiques de Bruxelles et de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), mais ces changements n’ont pas été considérés suffisants aux yeux de la Commission européenne pour assurer l’indépendance des juges vis-à-vis du pouvoir politique.
Interrogé sur un éventuel assouplissement de la position polonaise, M. Duda l’a jugé inopportun. “Je ne crois pas qu’un nouveau pas vers les attentes de l’autre partie puisse donner des résultats. Je considère que la partie polonaise a manifesté trop de bonne volonté”, a-t-il asséné.
Enfin, il a estimé que “le camp libéral de gauche, dont les représentants sont majoritaires à la Commission, veut à tout prix provoquer un changement au pouvoir en Pologne”.
Selon les médias polonais, les conservateurs nationalistes au pouvoir à Varsovie sont divisés quant à l’attitude à adopter face à Bruxelles, notamment en ce qui concerne le “test d’impartialité” d’un juge.
Ce test est jugé acceptable par le gouvernement, mais uniquement à la demande d’une partie à la procédure, tandis que Bruxelles souhaite qu’il puisse être demandé par un autre juge.
Certains voudraient offrir des garanties supplémentaires à la Commission par voie de négociations, dans lesquelles le chef de l’Etat n’aurait pas à intervenir. D’autres n’excluent pas une nouvelle loi – à laquelle le chef de l’Etat, bien que proche du parti au pouvoir, pourrait en principe opposer son veto.
En août dernier, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a indiqué qu’il allait envoyer à Bruxelles sa première demande de versement “fin octobre ou début novembre”. Mais d’après les médias, Varsovie attend pour le faire d’avoir l’assurance que sa position est acceptable pour la Commission.