DE GRÂCE, LIBÉREZ NOTRE AMI BOUALEM SANSAL, AU NOM DE L’HUMANITÉ !

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DE GRÂCE, LIBÉREZ NOTRE AMI BOUALEM SANSAL, AU NOM DE L’HUMANITÉ !

Il n’y a pas là, dans ces quelques mots, de politique, Monsieur le Président. Non ! Il n’y a pas là, dans notre cri, de jugement porté contre votre pays ni contre quiconque en Algérie. Il n’y a pas de colère, pas de haine, pas d’appel à la brutalité, ni de véhémence. Pas de souvenir d’un passé ressassé, lointain qui laisse de chaque côté de notre Méditerranée le goût de la tristesse et du gâchis. Il n’y a là, ni appel à la sécession, ni de vociférations. Il n’y a là, ni cris de haine ou de flatterie indécente. Non ! Il n’y a là que quelques mots que nous, artistes, écrivains, philosophes et intellectuels français, espérons que vous entendrez.

Il s’agit de Boualem Sansal, Monsieur le Président. Mais, par-delà son cas personnel, il ne s’agit pas seulement que de lui, puisqu’il s’agit, en réalité, de nous tous.  De nous tous, oui ! Nous tous artistes, écrivains et intellectuels, qui devons, quelles que soient nos opinions, quelles que soient nos idées, et nos manières de les exprimer, être artistes, écrivains, philosophes ou intellectuels.

Nous devons pouvoir créer, écrire, réfléchir et penser, Monsieur le Président, filmer, peindre, sculpter ou jouer la comédie, sans contraintes. Nous devons pouvoir faire rire, pleurer, nous moquer, transmettre, sans contraintes. Nous devons pouvoir donner notre point de vue, même s’il ne plait pas à tous, sans contraintes. Sinon, que deviendra le monde ? Un pauvre aveugle marchand sur un chemin de cailloux qui s’enfonce dans la nuit sans même entendre le bruit de ses pas ?

Celui qui enseigne le bien aux autres, sans le faire, est semblable à l’aveugle qui porterait une lanterne.

Oui, nous artistes, écrivains, intellectuels et libres-penseurs, ne sommes pas d’accord avec tout le monde. C’est ainsi ! Et cela l’a toujours été ! Et cela le sera toujours ! Alors, traitez Boualem Sansal de fou, oui !
Dites qu’il est imprudent, un ahuri, un illuminé. Affirmez qu’il est trop à droite ou trop à gauche, comme vous le souhaitez ; dites qu’il a tort, si vous voulez, car cela peut être aussi votre rôle de chef d’Etat, de père et d’homme.Mais nous vous en prions, de grâce, ne vous abaissez pas au rang des terroristes sans humanité, qui kidnappent, séquestrent et tuent.

Refusez la violence ! Refusez l’arbitraire ! Refusez l’injustice ! Dites, comme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, que « l’œuvre la plus honorable, la plus digne d’admiration qu’un peuple ou une nation puisse accomplir, c’est de réaliser ses aspirations en agissant dans la discipline et la non-violence ».

Oui, soyez cet homme, si vous voulez, qui dirige son peuple dans la discipline et la non-violence, Monsieur le Président, mais d’une main non moins ferme, autoritaire quoique bienveillante, faites en sorte que Boualem Sansal s’assoie à nouveau, après avoir retrouvé sa liberté, derrière son bureau afin qu’il écrive, encore et encore, et toujours.

Car, et vous connaissez bien sûr ce proverbe de votre pays, l’Algérie : Celui qui enseigne le bien aux autres, sans le faire, est semblable à l’aveugle qui porterait une lanterne. C’est précisément là, aussi, notre définition du véritable humanisme, de la fraternité, de la tolérance et de la démocratie.

 

Bien respectueusement,

 

Elie Chouraqui : cinéaste (principal auteur de cette lettre), Daniel Salvatore Schiffer : philosophe, écrivain, Luc-Olivier d’Algange : écrivain, essayiste, Marc Alpozzo : philosophe, Alexandre Arcady : cinéaste, scénariste, producteur. Elisabeth Badinter : philosophe. Dominique Baqué : philosophe, critique d’art.Rachid Benzine : politologue, écrivain. Florence Bergeaud-Blackler : anthropologue, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Chahreddine Berriah : journaliste algérien. Jean-Marie Besset : dramaturge1, metteur en scène. Elise Boghossian : humanitaire. Marie-Jo Bonnet : historienne, écrivaine. André Bonet : secrétaire général du Prix Méditerranée (dont Boualem Sansal est lauréat).

Pascal Bruckner : philosophe. Nora Bussigny : autrice, journaliste d’investigation. Sarah Cattan : directrice de « Tribune Juive ». Hassen Chalghoumi : président de la Conférence des Imams de France. Sophie Chauveau : écrivaine. Catherine Clément : philosophe. Daniel Cohn-Bendit : ancien député européen. Alexandre Del Valle : géopolitologue, essayiste. Guilaine Depis : directrice de « Balustrade » relations presse et publiques.
Nadine Dewit : artiste peintre. Jean-Philippe Domecq : romancier. Michel Dray : ancien chargé de mission du Comité Marseille Provence Méditerranée pour le dialogue interuniversitaire, président du groupe de réflexion « Zone Libre ». Emmanuel Dupuy : président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). Luc Ferry : philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale et de la Jeunesse.
David Frêche : écrivain. Renée Fregosi : philosophe, politologue. Dominique Jamet : écrivain, journaliste. Jean Jauniaux : écrivain, président honoraire de PEN Belgique francophone. François Kasbi : écrivain, journaliste. Arno Klarsfeld : avocat. Bernard Kouchner : fondateur de « Médecins sans Frontières » (MSF) et « Médecins du Monde » (MDM), ancien Ministre français de l’Action Humanitaire, de la Santé et des Affaires Etrangères.

Nathalie Krikorian-Duronsoy : philosophe, historienne. Michel Maffesoli : philosophe, sociologue, professeur émérite à la Sorbonne, Institut universitaire de France. Philippe Mocellin : directeur général des Services Ville de Perpignan (siège du Prix Méditerranée). Sandra Mulliez : collectionneuse d’art contemporain, mécène. Véronique Nahoum-Grappe : anthropologue, chercheuse en Sciences Sociales (Paris). Eric Naulleau : écrivain. Françoise Nore : linguiste. Victoria Pariente : psychologue clinicienne, psychanalyste. Michelle Perrot : historienne, professeure émérite de l’Université de Paris, grand officier de la Légion d’Honneur.
Céline Pina : politologue, essayiste, journaliste. Danielle Pinkstein : écrivaine. Michaël Prazan : cinéaste. Robert Redeker : philosophe. Anne Romagnoli : universitaire, maîtrise en économie et gestion internationale, managing director. Pierre-Yves Rougeyron : président du « Cercle Aristote », directeur de le revue et des éditions « Perspectives Libres ».    Armand de Saint Sauveur : Editions Intervalles.
Dominique Schnapper : sociologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), membre honoraire du Conseil Constitutionnel (France). Jean-Loup Seban : ancien professeur de faculté, poète lauré, Médaille d’Or de la Renaissance Française. Jacques Sojcher : philosophe, écrivain. Guy Sorman : président de la Maison Française de New York University.
Annie Sugier : présidente de la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF). Pierre-André Taguieff : philosophe, politiste, directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Michel Taube : fondateur et directeur d’ « Opinion Internationale », éditorialiste politique. Valérie Trierweiler : journaliste, écrivaine. Sabrina Van Tassel : réalisatrice. Patrick Vassort : sociologue, Université de Caen Normandie,, directeur de la revue « Illusio ».

Olivier Weber : écrivain, grand reporter, ancien Ambassadeur de France, président du prix Joseph Kessel. Jean-François Zygel : pianiste, compositeur, concertiste, professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Jean-Claude Zylberstein : avocat, éditeur, écrivain.

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