Agression du metteur en scène Alain Françon : un suspect au «profil inquiétant» arrêté à Montpellier

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Alain Françon

Alain Françon a été grièvement blessé à l’arme blanche au niveau du cou mi-mars dans une rue de Montpellier. Le suspect est décrit comme ayant un «profil aux confins de la psychiatrie et de la haine de la France».

Un homme a été arrêté jeudi dans l’enquête menée après l’agression à Montpellier du metteur en scène Alain Françon, a-t-on appris ce vendredi de source proche du dossier, confirmant une information de Midi Libre. Selon nos informations, le suspect est un Algérien de 35 ans environ, en situation régulière. Ce marginal qui vit dans l’Hérault est inconnu des services de renseignement, mais détenteur d’un casier judiciaire fourni et principalement condamné pour des faits de violences, du trafic de stupéfiants et des actes de rébellion sur agents dépositaires de l’autorité publique.

Lors de sa garde à vue, il aurait fait part de sa haine de la France et des femmes notamment. « Il a un profil très inquiétant, aux confins de la psychiatrie et de la haine de la France », commente auprès du Parisien un connaisseur du dossier. C’est par hasard que l’homme s’en serait pris à Alain Françon, qu’il ne connaissait pas.

« Il s’en est pris gratuitement à un papy »

Le metteur en scène Alain Françon, l’un des plus prolifiques du théâtre français, avait été grièvement blessé à l’arme blanche au niveau du cou mercredi 17 mars à Montpellier, peu avant midi. Âgé de 76 ans, il s’était effondré dans une rue du centre, près de l’hôtel où il résidait. Il a été « victime d’un coup porté en région cervicale latérale gauche, à l’aide d’un objet tranchant de type couteau ou cutter », a détaillé dans un communiqué ce vendredi le procureur de la République de Montpellier Jean-Philippe Redon, ajoutant que la victime avait fait « encore quelques pas avant d’être recueillie par des passants qui prévenaient les secours ».

Ce dernier, entendu dès le lendemain des faits, « ne pouvait apporter d’autres renseignements que le fait d’avoir été doublée par un individu vêtu d’un survêtement noir qui lui donnait l’impression de l’avoir bousculée, sans un mot, avant de se rendre compte qu’(il) saignait au niveau du cou », relate le parquet, qui évoque la piste dès lors probante pour les enquêteurs du « geste isolé d’un inconnu ».

Le suspect, furieux d’avoir été éconduit d’un rendez-vous administratif, aurait, selon nos informations, voulu se venger et serait passé à l’acte en croisant la route de l’homme de théâtre. « Il s’en est pris gratuitement à un papy français, en se jetant à son cou avec un couteau », rapporte au Parisien une source proche du dossier. Lors de son audition, le trentenaire a indiqué « qu’étant énervé, il avait vu un homme qui, selon le mis en cause, l’aurait mal regardé, raison pour laquelle il l’aurait agressé. Toutefois, il niait avoir été muni d’un objet tranchant », précise le parquet. Selon le magistrat, « après plusieurs auditions dans lesquelles il persistait à nier toute présence sur les lieux des faits, en fournissant des explications fantaisistes, il admettait dans sa dernière audition être l’auteur du coup porté ».

Des lames de cutter retrouvées lors d’une perquisition

C’est grâce à un travail d’analyse des caméras de vidéosurveillance que les membres de la police judiciaire de Montpellier, qui ont repris les investigations, sont remontés au suspect. « Il y avait un trou de sept minutes dans l’itinéraire emprunté par le metteur en scène. Les policiers ont reconstitué le fil en analysant la vidéo de surveillance de tout le secteur et l’environnement de la victime », détaille une source proche du dossier.

« Au terme de nombreuses investigations, un individu était discriminé pour s’être rapproché, dans la minute précédant l’agression, du trajet de la victime. Son parcours était reconstitué, avant et après le coup porté, et permettait d’obtenir une image et une identification claires de celui-ci », complète le procureur dans son communiqué. Le suspect, interpellé au pied de son domicile, va être déféré ce vendredi soir, en vue de sa mise en examen pour « tentative de meurtre ». Lors de perquisitions menées chez lui, les enquêteurs ont retrouvé « une sacoche correspondant en tout point aux images et témoignages obtenus et contenant des lames de cutter », révèle le communiqué.

Une attaque « terrible »

Survenue en plein jour dans un secteur piéton fréquenté, l’attaque d’Alain Françon, qui donnait depuis la mi-février des cours à l’Ecole nationale supérieure d’art dramatique de Montpellier, avait créé un vif émoi. Le maire socialiste de Montpellier Michaël Delafosse la jugeant « abominable » et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot « terrible ».

Né en 1945 à Saint-Etienne, Alain Françon, trois fois « moliérisé », grand amoureux de Tchekhov et défenseur d’auteurs contemporains, a monté plus de 100 pièces en plus d’un demi-siècle. Directeur pendant près de 14 ans du prestigieux Théâtre de la Colline à Paris (1996-2010), il a mis en avant de nombreux auteurs contemporains français comme Michel Vinaver mais surtout le grand dramaturge britannique Edward Bond avec qui il a longtemps collaboré. Il avait auparavant cofondé et dirigé le Théâtre éclaté d’Annecy (1971-1989), puis le Centre dramatique national (CDN)-Théâtre du Huitième de Lyon (1989-1992) et le CDN de Savoie (1992-1996). Depuis son départ de La Colline, il a fondé sa propre compagnie, le Théâtre des Nuages de Neige, et met en scène des œuvres de ses auteurs favoris : Thomas Bernhard, Anton Tchekhov ou Samuel Beckett.

leparisien

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