France: les gauches en ordre dispersé face au défi sécuritaire

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France: les gauches en ordre dispersé face au défi sécuritaire – Les responsables socialistes, écologistes, communistes et insoumis tentent tous à leur manière d’être présents sur la sécurité, un thème qu’ils savent incontournable à moins d’un an de la présidentielle.

Est-ce la peur d’un nouveau 21 avril 2002, lorsque Lionel Jospin manqua la qualification au second tour pour, aux dires de certains, n’avoir pas assez parlé de sécurité ?

Plusieurs personnalités de gauche étaient présentes au rassemblement de policiers à l’appel de syndicats, mercredi devant l’Assemblée nationale : le premier secrétaire du PS Olivier Faure, la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel ou encore le probable candidat à la primaire écologiste Yannick Jadot.

Au PS, la réflexion sur la sécurité est relancée depuis plusieurs mois, affirme à l’AFP David Habib, secrétaire national chargé de cette question. Le député des Pyrénées Atlantiques a profité de la pandémie pour s’entretenir avec la majeure partie des syndicats de police, une démarche qui a culminé dans un atelier « dense » à l’université d’été de Blois, à la rentrée 2020.

« La sécurité n’est ni de droite ni de gauche, c’est une préoccupation exprimée par les Français, quel que soit leur bord politique », explique David Habib. « Nous la vivons comme une revendication sociale ».

Le PS s’appuie sur une nouvelle génération de maires portés sur le thème de la sécurité, comme les maires de Saint-Denis Mathieu Hanotin et de Montpellier Michaël Delafosse, qui a dit assumer en mars avoir fait campagne sur la sécurité parce que « les classes moyennes et populaires sont les premières victimes de l’insécurité ».

Olivier Faure s’est cependant attiré les foudres des Insoumis et des écologistes pour avoir déclaré pendant la manifestation qu’il fallait ne pas « déposséder la police des peines administrées », et « qu’elle puisse avoir un avis sur la question, jusqu’aux aménagements de peine ».

« Le fond est-il atteint ? Faure propose de rétablir les tribunaux d’exception supprimés par François Mitterrand. Un tribunal contrôlé par les policiers. Au secours, Jaurès », s’est offusqué Jean-Luc Mélenchon.

« Réalistes »

Côté communiste, leur chef Fabien Roussel a consacré à la sécurité ses premières déclarations publiques de candidat à la présidentielle, souhaitant par exemple que l’auteur de l’assassinat de « tout détenteur d’une autorité » soit puni d’une peine de « 30 ans de prison ».

Mais il insiste sur le lien entre la défense des policiers et la défense des services publics en général, thème traditionnel de son parti. « Les fonctionnaires de l’Etat sont souvent mal payés et ce sont eux qui prennent les coups », selon Fabien Roussel.

Symbole d’une fracture à gauche sur la sécurité, le rassemblement policier de mercredi n’a pas rallié les Insoumis et les écologistes, qui ont déploré les revendications de peine minimale, mais aussi plus généralement le climat de surenchère sécuritaire.

Dénonçant le « caractère factieux de la manifestation », Jean-Luc Mélenchon en a aussi profité mercredi pour livrer sa vision des réformes à mener dans la police: « Au quotidien, dans la lutte contre la délinquance, les choses sont mal organisées, le matériel est insuffisant, les locaux désastreux ».

Il avait pris le sujet à bras le corps dès septembre 2020 avec l’organisation d’un colloque sur le sujet, où il a estimé qu’il fallait « changer de pied » par rapport à la « résistance » historique de la gauche de rupture « à la poussée qui s’exerce » sur la sécurité dans le débat public.

Le patron des députés Insoumis a même revendiqué être un « réaliste » en la matière, brocardant l’inefficacité des nombreuses lois jugées répressives des gouvernements successifs, et prônant davantage de police de proximité.

Quant aux écologistes, ils se sont démarqués de l’eurodéputé EELV Yannick Jadot qui s’est rendu mercredi au rassemblement pour, a-t-il expliqué sur France 2, ne pas que « la police soit livrée aux manipulations de l’extrême droite et du gouvernement ».

Pour la numéro 2 du parti Sandra Regol, la sécurité ne tolère pas « de positionnement émotionnel ». EELV est « très attachée à la police républicaine qui fait corps avec la nation », et à ce titre « on ne peut pas tout faire porter sur les policiers, ils ne sont pas formés à être assistants sociaux ou matons », raison pour laquelle la séparation des étapes de la chaîne pénale doit être maintenue.

Arabnews

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