Une manifestation marquant le sixième anniversaire du début de la guerre au Yémen a rassemblé des milliers d’hommes, vendredi à Sanaa, la capitale aux mains des rebelles Houthis.
Des milliers d’hommes ont manifesté, vendredi 26 mars, dans la capitale yéménite Sanaa, aux mains des rebelles Houthis, pour marquer le sixième anniversaire de l’intervention militaire de l’Arabie saoudite dans ce pays, sur fond d’escalade et d’efforts diplomatiques.
Le 26 mars 2015, une coalition militaire dirigée par Riyad lance l’opération “Tempête décisive” au Yémen pour appuyer le gouvernement contre l’avancée dans le pays des Houthis, soutenus par le grand rival de Riyad : l’Iran.
Quelques mois plus tôt, en septembre 2014, les rebelles s’étaient emparés de Sanaa. Depuis, ils ont ravi aux forces loyalistes la majeure partie du Nord, à l’exception de la région riche en pétrole de Marib qu’ils tentent depuis février d’arracher dans de violents combats.
“Six ans de guerre ont montré leur échec”, a déclaré à l’AFP Deif Allah al-Chammi, un haut responsable des Houthis entouré de milliers de manifestants brandissant des affiches sur la “victoire de l’islam” et scandant des slogans contre l’Arabie saoudite, les États-Unis ou encore Israël.
“Acte de sabotage”
L’anniversaire de l’intervention saoudienne au Yémen a coïncidé avec de nouvelles attaques des rebelles vers le royaume voisin. Jeudi soir, un projectile lancé sur un terminal pétrolier de distribution de Jizan, près de la frontière, a provoqué un incendie dans l’un de ses réservoirs.
Les États-Unis, qui ont cessé leur soutien à l’intervention de leur allié saoudien tout en disant être à ses côtés face aux attaques rebelles, ont dénoncé “une provocation claire visant à prolonger le conflit”, et accusé les Houthis de compromettre les efforts de paix.
Le ministère saoudien de la Défense a lui parlé d’un “acte de sabotage” ciblant les “civils” et qui “confirme le rejet par la milice terroriste des Houthis de l’initiative du royaume pour mettre fin à la crise yéménite”.
L’attaque, revendiquée par les Houthis, intervient en effet quelques jours après que les rebelles ont rejeté une proposition par Riyad d’un “cessez-le-feu global” qui comprenait la réouverture de l’aéroport international de Sanaa, exigée par les Houthis, et la reprise des négociations politiques sous l’égide de l’ONU.
Les rebelles réclament, avant toute reprise du processus politique, la levée complète du blocus aérien et maritime, imposé par l’Arabie saoudite pour empêcher, selon elle, les importations d’armes en provenance d’Iran. “S’ils veulent la paix, nous n’avons pas besoin d’une initiative, mais qu’ils cessent leur agression et lèvent le blocus sur le peuple yéménite”, a insisté le responsable Houthi seif Allah al-Chami.
L’initiative saoudienne s’inscrit dans un contexte de pression internationale, États-Unis et ONU en tête, pour parvenir à une résolution politique rapide du conflit, en raison du désastre humanitaire qu’il a engendré. Vendredi, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a rencontré un haut représentant des Houthis, Mohammed Abdelsalam, dans le sultanat voisin d’Oman.
“Six ans de faim”
“Ils ont discuté de l’urgence de s’accorder sur l’ouverture de l’aéroport de Sanaa, l’assouplissement des restrictions sur les ports de Hodeida, l’instauration d’un cessez-le-feu national et la reprise du dialogue politique dans le cadre des Nations unies”, a précisé le bureau de l’émissaire onusien sur Twitter.
Hodeida, ville du sud-ouest du pays aux mains des rebelles, est un point de passage crucial pour l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépendent les deux tiers de la population.
En six ans, le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts d’après des ONG internationales, ainsi que des millions de déplacés vivant dans des camps de fortune constamment menacés par les épidémies et la poursuite des combats.
“Six ans de faim, de déplacement, de destruction, de misère et de vies perdues. Le Yémen a désespérément besoin de paix et le temps est venu pour tous d’agir”, a martelé sur Twitter le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU avec le hashtag #YemenCantWait (le Yémen ne peut pas attendre).
Si les Yéménites souffrent déjà de faim, la menace d’une famine à grande échelle devient de plus en plus réelle en raison de l’escalade des violences et le manque de financement de l’aide internationale.